MAÎTRE A LA CHANDELLE, "Saint Sébastien soigné par Irène"

Anonyme caravagesque, début du 17e siècle

Saint Sébastien soigné par Irène

Huile sur toile.
Hauteur. 129,7 cm. Largeur. 170 cm.
Historique : Ancienne collection J. Seligmann.
Achat de la Ville, 1966.  

Cette peinture illustre le martyre de Sébastien, centurion romain qui, au début du 4e siècle, fut percé de flèches sur ordre de l’empereur Dioclétien pour ne pas avoir abjuré sa foi chrétienne (Acta Sancti Sebastiani Martyris, Ve siècle et Légende dorée, v. 1260-1298, de Jacques de Voragine). Leur estime pour leur chef empêcha les archets de le tuer et ils le laissèrent blessé. Venues pour l’ensevelir, Irène, veuve chrétienne, et sa servante le trouvèrent encore vivant et le soignèrent. Rétabli, saint Sébastien se présenta devant l’empereur et lui reprocha sa cruauté envers les chrétiens. Dioclétien le fit arrêter, battre à mort et jeter dans la Cloaca Maxima, le grand égout de Rome. Guidée par une vision de sainte Lucine, la communauté chrétienne récupéra le corps et l’enterra dans les catacombes auprès des apôtres Pierre et Paul où se dresse aujourd’hui la basilique Saint-Sébastien. Protecteur contre la peste et patron des archers, saint Sébastien est représenté depuis le Moyen Age subissant le martyre ou allongé et bénéficiant des soins d’Irène. La scène bordelaise est quelque peu originale car le saint est encore attaché à l’arbre de son martyre alors que sa bienfaitrice le soigne.

Dans les années 1960, l’historien d’art américain Benedict Nicolson a réuni un certain nombre de tableaux caravagesques, non signés, tous éclairés par une lanterne ou une bougie et offrant un caractère stylistique homogène. Il les attribua à un peintre qu’il appela « Le Maître à la chandelle », avant de penser (en 1964) à Trophime Bigot (Arles, 1579-Avignon, 1650). Mais cette attribution ne satisfait plus les experts, car ils ne connaissent de Bigot que trois œuvres signées et datées, au style différent. L’attribution la plus probable serait celle d’un anonyme caravagesque, français ou nordique, du début du 17e siècle ayant séjourné à Rome.
La composition au cadrage serré sur une frise de personnages monumentaux, vus à mi-corps devant un paysage sombre, s’inscrit dans la tradition des suiveurs du Caravage. La lanterne détermine un axe principal de part et d’autre duquel se répartissent les verticales, personnages et arbre, et quelques diagonales.
L’intérêt de cette œuvre réside dans la source lumineuse placée à l’intérieur du tableau et rejetant dans l’obscurité le reste de la scène. La gamme des couleurs s’en trouve réduite au ton doré des peaux, aux bruns sombres du paysage et à quelques couleurs vives : les rouges du manteau et turban de la servante, de la rose et le bleu tirant sur le vert du vêtement d’Irène.
 

 

Image de "Saint Sébastien soigné par Irène"©Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier

"Saint Sébastien soigné par Irène"©Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier