En regard : deux collections, une seule passion
Exposition du Musée des Beaux-Arts présentée à la Galerie des Beaux-Arts du 6 mai au 12 septembre 2010
Avec les oeuvres issues de la collection du Frac Aquitaine : Bertille Bak, Maurice Blaussyld, Marc-Camille Chaimowicz, Isabelle Cornaro, Dewar & Gicquel, Anne-Marie Durou, Jos de Gruyter et Harald Thys, Laurent Le Deunff, Jacques Lizène, Mathieu Mercier, Eric Poitevin, Daniel Schlier. Avec les oeuvres issues de la collection du musée des beaux-arts de Bordeaux : Paul Antin, Johann Boeckhorst, Pieter Boel, Jean Ferdinand Chaigneau, Ecole de Della Bella, Jean Simeon Chardin, Victor-Gabriel Gilbert, Jan Josephsz van Goyen, Jean Gorin, Auguste Herbin, Albert Marquet, Odilon Redon, Sir Joshua Reynolds, Louis Sue, Etienne Tournes, Robert Wlérick.
Le Frac Aquitaine et le musée des beaux-arts de Bordeaux croisent leur regard sur leurs collections, à l’occasion des nouvelles acquisitions 2009 du Frac Aquitaine. Ils proposent de nouveaux éclairages sur une sélection de leurs oeuvres : oeuvres anciennes revisitées à la lumière du présent et oeuvres contemporaines en écho aux oeuvres du passé. Les 17 nouvelles acquisitions du Frac Aquitaine seront présentées pour la première fois dans leur intégralité, en vis-à-vis de 19 oeuvres du musée des beaux-arts et relevant de diverses écoles (française, flamande, italienne, anglaise).
Rétrospectivement, cette exposition fait cohabiter l’oeuvre la plus ancienne, celle de Jan Josephsz Van Goyen (1596-1656), Le Chêne foudroyé ou La diseuse de bonne aventure (1638) avec la plus récente, Faire le mur (2008), film de Bertille Bak (née en 1983 à Arras), l’artiste la plus jeune de cette exposition. L’ensemble des oeuvres, anciennes et contemporaines, sont issues de cultures plus généralement européennes (Italie, Grande-Bretagne, Pays-Bas...), parmi lesquelles une importante proportion d’artistes français originaires de Bordeaux (Odilon Redon, Albert Marquet, Paul Antin, Louis Sue, Louis Ferdinand Chaigneau) ou de la région Aquitaine (Robert Wlérick, Anne-Marie Durou, Laurent Le Deunff).
Cette confrontation met en évidence une permanence de thèmes face à une évolution de techniques : les artistes des époques antérieures travaillaient selon des codes définis, sur des supports de bois, puis de toile, et dans des formats et volumes qui ont varié au fil de l’Histoire de la peinture et de la sculpture. Si aujourd’hui l’usage du support bi-dimensionnel demeure (dessin, tableau), on assiste progressivement à l’éclosion d’oeuvres se détachant du mur, prenant le statut d’installation (Isabelle Cornaro) ou de « dispositif » (Maurice Blaussyld) ; de même la sculpture, autrefois généralement présentée sur un socle (Robert Wlérick), abandonne son piédestal pour être posée directement au sol (Laurent Le Deunff). En modifiant leurs pratiques, les artistes transforment leur propre vocabulaire en créant un langage formel inédit, qu’ils renouvellent en permanence en inscrivant leur démarche au sein d’une histoire de l’art en train de s’écrire. Leurs préoccupations semblent, à plusieurs siècles de distance, se répondre car si les genres du portrait, du paysage, de la nature morte évoluent, il est toujours question d’interroger la nature humaine à travers ses aléas, au sein d’une destinée personnelle qui peut tendre vers l’universel. La Diseuse de bonne aventure qui s’inscrit à l’intérieur du tableau de Jan Josephsz Van Goyen (XVIIe siècle) semble chuchoter les mêmes tourments aux faces grimaçantes de l’oeuvre de Daniel Schlier.