Les Primitifs méditerranéens (XIVe & XVe s.) : Italie, Espagne, France

Avant-propos du catalogue de l'exposition par M. Jacques Chabna-Delmas, Député-Maire de Bordeaux.
 
"BORDEAUX, négligeant les entreprises sans signification, offre cette année aux amateurs d'Art une Exposition des Primitifs Méditerranéens.
Elle groupe des chefs-d'œuvre admirables.
Certains ont subi les atteintes du temps ou celle des insensés; d'autres, au contraire, ont conservé l'étonnante fraîcheur de leur naissance.
Ces premiers grands témoignages de la civilisation latine chrétienne sont plus proches de nous, par leur inspiration, que les plus parfaits spécimens de la statuaire grecque ou romaine. Leurs imperfections, leurs hésitations même, nous sont sensibles comme messagères fixant au-delà de la mort les débats de la conscience humaine aux prises avec les problèmes de la foi et la recherche constante de la vérité.
Les spécialistes, certes accessibles à cette émotion, trouveront dans notre Exposition un élément d'intérêt complémentaire. La plupart des panneaux n'ont jamais été exposés ailleurs que dans leurs musées, collections ou églises d'origine. Us sont pour la première fois réunis, donc confrontés. Il n'est pas exclu qu'en cette occasion des notes du plus grand intérêt soient à ajouter au livre de l'histoire de l'Art.
Ainsi, nous aurons atteint notre but, qui est de servir cet art et de le rendre accessible à tous.
En 1951, plusieurs dizaines de milliers de personnes, depuis les enfants des écoles jusqu'aux plus éminents spécialistes, représentant toute la population de notre région, ont visité l'Exposition Goya. Nous cherchons cette année à faire en sorte que le succès d'affluence, même développé, s'efface derrière l'intérêt scientifique de l'entreprise.
Je souhaite que les hôtes de notre ville, lorsqu'ils pénétreront dans la Galerie des Beaux-Arts, adressant une pensée recueillie aux admirables Maîtres primitifs, adressent également une pensée reconnaissante aux généreux prêteurs des collections publiques et privées qui ont bien voulu, pour un temps assez long, se séparer de panneaux irremplaçables. Nous avons trouvé auprès d'eux un accueil qui est à l'honneur à la fois de ces généreux personnages et de notre Cité."