Berthe MORISOT, Le Neveu de Berthe Morisot
Peinture XIXe siècle
Berthe Morisot, Le Neveu de Berthe Morisot, 1876, huile sur toile.
Ancienne collection René Domergue
Berthe Morisot, Le Neveu de Berthe Morisot, 1876 © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux
Dans cette toile dont une partie est laissée visible, un petit garçon est simplement esquissé. Les formes floues, vagues mais très vivantes donnent à ce petit portrait une impression d’instantanéité. L’artiste désire « saisir quelque chose qui passe ».
Le Neveu de Berthe Morisot représente le portrait du petit Marcel Gobillard, fils aîné de Yves, la sœur de Berthe Morisot, qui aura par la suite deux autres filles. Les nièces et la fille de l’artiste, Julie Manet, seront ses uniques élèves.
Marcel, dans cette œuvre, paraît avoir tout au plus trois ou quatre ans. Sa spontanéité et sa fragilité enfantines sont rendues avec tendresse dans cette huile où la touche veloutée et délicate évoque la technique du pastel, et dont l'apparence inachevée, le fond non dessiné, les traits du visage seulement légèrement ébauchés, sont du meilleur style impressionniste.
Berthe Morisot était très attachée à ses sœurs. Elle a réalisé à de nombreuses reprises leur portrait, seules ou avec leurs enfants. L’artiste a souvent pris pour modèles les enfants de ses sœurs. Le petit Marcel est présent dans plusieurs de ses tableaux. Ainsi, une toile datant de 1880 le représente, un peu plus âgé, tenant un canotier à la main.
Berthe Morisot, une femme artiste
En 1876, Berthe Morisot a déjà participé à la fondation de la Société des « Artistes Anonymes Associés » dont la majorité des membres constitueront par la suite le groupe des impressionnistes. Seule femme artiste au sein du groupe, elle sera rejointe plus tard par des artistes comme l’Américaine Mary Cassatt qui exposera à ses côtés.
Issue d’un milieu bourgeois cultivé, Berthe Morisot pratiqua d’abord la peinture comme un loisir avant d’en faire un métier de passion. Les encouragements de ses différents professeurs qui remarquent très vite ses dispositions l’incitent à suivre aux côtés de sa sœur Edma l’enseignement de Camille Corot. Ce dernier les initie au plein-air, pratique pour laquelle elles se passionnent.
En 1874, elle se marie à Eugène Manet et devient la belle-sœur d’Edouard Manet pour qui elle posera à de nombreuses reprises et dont l’influence sera déterminante dans son travail.
Sa touche enlevée et sa palette très claire sont au service des sujets modernes mis à la mode par les impressionnistes, telles que des scènes d’intimité familiale ou de la vie quotidienne de ses contemporaines. Berthe Morisot devient de son vivant une peintre reconnue et indépendante alors même que la plupart des académies de peinture restent fermées aux femmes. L’accès à l’École des Beaux-Arts ne leur sera accordé qu’en 1897 soit deux ans après la mort de Berthe Morisot.