Don d’un particulier au musée : Jean-Joseph Taillasson - Portrait d’une jeune femme vêtue à l’antique
Attribué à Jean-Joseph Taillasson (1745-1809)
Portrait d’une jeune femme vêtue à l’antique,
XVIIIe siècle
Huile sur toile,
55 x 46 cm
Don d’un particulier au musée en 2022
Le Portrait d’une jeune femme vêtue à l’antique de Jean-Joseph Taillasson a récemment rejoint les collections du musée des Beaux-Arts.
Le Portrait d’une jeune femme vêtue à l’antique représente une femme à mi-corps à l’expression mélancolique. Ce tableau peut être considéré, comme une tête d’expression en raison du traitement du visage légèrement penché et des yeux tournés vers le ciel. Ce genre de figure, qui faisait l’objet d’un concours instauré par l’Académie au milieu du XVIIIe siècle, avait pour finalité la peinture d’un visage, en insistant sur son caractère et l’expression d’un sentiment. Le peintre d'origine bordelaise Jean-Joseph Taillasson se distingua dans cette pratique dès 1770. Il exposa à plusieurs reprises au Salon des Têtes d'expression (1785 et 1795) qui firent l'admiration des critiques de son temps.
L’attribution à Taillasson du Portrait d’une jeune femme vêtue à l’antique, acquis par la famille des donateurs avec l'attribution à Louis David, est récente. En effet, ce tableau peut être rattaché par son sujet et ses dimensions à d’autres œuvres de Taillasson. L'entrée de cette œuvre dans les collections du musée permet d'enrichir à la fois les collections d'art européen de la fin du XVIIIe siècle et celles consacrées au néoclassicisme bordelais. Elle permet aussi de compléter le fonds Taillasson du musée déjà riche de cinq peintures (dont deux dépôts du Louvre) et un dessin. Aux trois œuvres de l’artiste (Le Tombeau d’Élisée de 1774, La Suppliante de 1783 et L’Ulysse et Néoptolème de 1784), ajoutons un des chefs-d’œuvre du néoclassicisme, le monumental Héro et Léandre (1798) et un Berger assis (1785) acheté par la Ville en 2015, ainsi qu’une Tête d’expression dessinée, achetée en 2009.
Jean-Joseph Taillasson, Portrait d’une jeune femme vêtue à l’antique, XVIIIe siècle.
Elle enrichit enfin le corpus des têtes d’expression peintes et sculptées du musée, comme celles de Jean-Baptiste Greuze et Lucas de Montigny, présentées dans les nouvelles salles XVIIIe du parcours permanent.
Aile sud, salle XVIIIe avec l'ensemble des Têtes d'expression et Héro et Léandre à gauche
Jean-Joseph Taillasson
Originaire de Bordeaux, le peintre et théoricien de l’art Jean-Joseph Taillasson se forme dans l’atelier du graveur André Lavau (1722–1808). Il y fait la rencontre d’un autre apprenti originaire de Bordeaux, Pierre Lacour (1745–1814), avec qui il se lie d’amitié. Les deux jeunes peintres, s’étant fait remarquer par leur talent, se rendent à Paris en 1764 pour intégrer l’atelier de Joseph-Marie Vien (1716–1809), où ils côtoient d’autres artistes tels que Regnault, Ménageot, David et Vincent. En 1772, les deux Bordelais entreprennent le traditionnel voyage à Rome. En 1774, Taillasson envoie Le Tombeau d’Élisée (Bordeaux, musée des Beaux-Arts) à l’Académie de Bordeaux comme morceau d’agrément. L’année suivante, il retourne à Paris pour préparer son admission à l’Académie royale de peinture et de sculpture, où il est reçu en 1784 sur présentation de son morceau de réception, Ulysse et Néoptolème enlevant à Philoctète les flèches d’Hercule (1784, Bordeaux, musée des Beaux-Arts). Bien que le peintre fît toute sa carrière à Paris, il resta lié, par le biais de son ami Pierre Lacour, à Bordeaux. En 1785, il offrit à la Société philanthropique appelée « Musée », un exemplaire de son opuscule sur le Danger des règles dans les arts, une ode à la liberté artistique fondée sur l’instinct, l’inspiration et l’émotion, et en 1787, il fut nommé associé correspondant de l’Académie de peinture de Bordeaux.