Rosa BONHEUR, La Foulaison du blé en Camargue

Rosa Bonheur (1822-1899), La Foulaison du blé en Camargue, 1864-1899, huile sur toile.
À la mort de son père, Rosa Bonheur le remplace à la direction de l’école de dessin pour jeunes filles. À partir de 1853, sa réputation dépasse les frontières. Ernest Gambard, marchand belge installé à Londres, s’occupe de la diffusion internationale de son œuvre. Sa notoriété provient aussi de reproductions de son œuvre dès 1853 par la Maison Goupil qui a pour ambition de « mettre l’art à la portée de tous » : on collectionne des portraits de l’artiste et de ses œuvres. Rosa Bonheur a conscience de l’importance des marchands, des médias, des États-Unis et de tout ce qui peut contribuer au succès de sa carrière : elle accepte quelques interviews et les photographies susceptibles de forger sa légende, comme celle où elle pose aux côtés de Buffalo Bill, qu’elle peint en 1889 et dont elle conserve un costume.
 
En 1853, elle expose, au Salon, un tableau qui deviendra célèbre, le Marché aux chevaux (New York, The Metropolitan Museum of Art), présenté également à l’Exposition universelle de 1855. La Ville de Bordeaux se s'étant pas alors positionnée sur son achat à l'issue de sa présentation au Salon de la Société des Amis des Arts de Bordeaux de 1854, la toile fut acquise par Ernest Gambart.
 
En 1856, Rosa Bonheur effectue un voyage triomphal en Angleterre ; elle est présentée à la reine Victoria et à plusieurs peintres anglais dont Landseer. Quatre ans plus tard, elle installe son atelier à By (près de Fontainebleau), domaine qu’elle s’est acheté grâce à son travail.
 
C’est là qu’elle commence cette toile, après de nombreuses études préparatoires (Thomery et Fontainebleau, musée national du Château) et quelques modelages. Mais d’importantes commandes et la mort de l’artiste en 1899 laissèrent l’œuvre inachevée, malgré la construction d’un nouvel atelier (août 1898) et l’intervention de sa compagne, l’artiste peintre américaine Anna Klumpke (1856-1942).
 
Rosa Bonheur dépeint la beauté, la puissance des chevaux à demi sauvages que les paysans camarguais utilisaient pour fouler le blé. Dans cet escadron, trois chevaux blancs attirent la lumière, tandis que les plus sombres ouvrent la voie orientée par le fouet d’un paysan. L’artiste énonce leur appartenance au monde rural, à la vie paysanne tout en exaltant leur force. Elle célèbre l’agriculture, le retour à la terre nourricière et dans un contexte de concurrence entre les nations, la richesse des races animales françaises.
Si vous désirez aller plus loin autour de cette œuvre n'hésitez pas à lire cet article.


Rosa Bonheur, La Foulaison du blé en Camargue (1864-1899) © F. Deval Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. 

L’œuvre de Rosa Bonheur témoigne d’un renouveau sur les animaux et la nature, dans une vision dénuée de sentimentalisme, nourri des découvertes scientifiques. Elle remet en cause la hiérarchie entre les espèces et l’anthropocentrisme.
 
Très indépendante, elle construit son métier d’artiste et connaît de son vivant la spéculation autour de ses tableaux en France et surtout aux États-Unis où elle fait l’objet d’un véritable culte. Des poupées sont ainsi réalisées à son effigie.
 
Rosa Bonheur a choisi des femmes pour construire son histoire : Anna Klumpke comme portraitiste, biographe et légataire universelle ainsi que la peintre George Achille-Fould pour l’un de ses nombreux portraits (musée des Beaux-Arts de Bordeaux). Dans ce dernier, on peut apercevoir, derrière l’artiste, un détail de La Foulaison du blé en Camargue. Elle porte le pantalon, ce qu’elle justifie par son travail dans les abattoirs. Elle possède aussi toute une ménagerie (un lion paralytique, des cailles, des chiens, des moutons…).
 

Tous les journaux évoquent ses pantalons et ses cigares, ces détails expliquant l’aspect « viril » de sa peinture ; pour ses contemporains, elle est un véritable phénomène. En 1865, elle est la première femme peintre à recevoir la Légion d’honneur.  

Une retrospective en 2022

À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur à Bordeaux, le musée des Beaux-Arts de sa ville natale et le musée d’Orsay, Paris organisent une importante rétrospective de son œuvre. Le Château de Rosa Bonheur à Thomery (Seine-et-Marne), où l’artiste vécut près d’un demi-siècle ainsi que le Musée départemental des peintres de Barbizon sont les partenaires exceptionnels de cet évènement.
 
Cette exposition est présentée en 2022 à Bordeaux du 18 mai au 18 septembre puis à Paris du 18 octobre au 15 janvier 2023. À Bordeaux, elle se déploie entre la Galerie des Beaux-Arts et l'aile nord du musée et rassemble près de 200 œuvres – peintures, arts graphiques, sculptures, photographies et documents – issues des plus prestigieuses collections publiques et privées d'Europe et des États-Unis. Par son sujet et ses enjeux, au cœur de l’actualité, cette exposition s’inscrit dans le courant international des expositions consacrées aux artistes femmes et dans le regain d’intérêt pour la thématique animalière. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Rosa Bonheur, La Foulaison du blé en Camargue © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux

Rosa Bonheur, La Foulaison du blé en Camargue © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux