Swanevelt (Van) Herman Paysage fluvial avec Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine Candace
Woerden vers 1600 - Paris 1655
Ce tableau est le plus bel exemple de peinture hollandaise italianisante parmi les collections du Musée.
Comme beaucoup de ses compatriotes, van Swanevelt fait le voyage d'Italie et séjourne à Rome de 1629 à 1641. Il demeure dans la même maison que Claude Lorrain. De ce dernier il subit une influence très évidente qui apparaît dans l'éclairage du couchant d'un rose intense qui envahit les nuages, le paysage lointain, les ruines du premier plan et se reflète dans l'eau du lac. Cette lumière ocre s'oppose au bleu très pur d'une partie de ciel. En outre, les ruines romaines et le village éloigné au petit temple corinthien sont des souvenirs d'Italie.
Sur un chemin ombragé d'arbres majestueux et surmonté par un édifice romain à l'état de ruine, le diacre Philippe verse l'eau d'une conque sur la tête de l'eunuque noir qui paraît s'être engagé plus avant dans l'eau du lac. Son char de parade est à demi caché par un talus. Des soldats et des serviteurs de sa suite attendent en bavardant.
Le sujet est tiré des Actes des Apôtres (8 : 26-40).
Mais le livre d'Isaïe (Isaïe, 53:7) que lit l'eunuque avant sa rencontre avec l'apôtre ne figure pas ici.
Des images cependant inspirées par les versets d'Isaïe sont présentes : importance donnée à la souche d'arbre déchiquetée qui symbolise "l'arbre sec" dont parle Isaïe :
"Et que l'eunuque ne dise pas :
Voici je suis un arbre sec
Car ainsi parle l'Eternel :
Aux eunuques qui garderont mes sabbats,
Qui choisiront ce qui m'est agréable,
Et qui persévéreront dans mon alliance,
Je donnerai, dans ma maison et dans mes murs, une place et un nom
Préférables à des fils et à des filles ;
Je leur donnerai un nom éternel,
Qui ne périra pas".
Les ruines romaines qui surplombent la scène offrent la vision cruelle d'une splendeur défunte. Comme les vanités, elles expriment l'idée que tout sur terre est voué à disparaître : elles rappellent, comme Isaïe, que la Maison de Dieu, le monument perpétuel et impérissable, n'est point de ce monde.
Le sujet du baptême de l'Eunuque de la reine Candace a été fréquemment traité dans la peinture néerlandaise. Son succès tient largement au fait que le sacrement qu'il met en scène avait conservé dans l'Eglise réformée la même importance fondamentale que lui conférait l'Eglise romaine.