Aubin VOUET, "David tenant la tête de Goliath"
(Paris, 1595 – id., 1641)
David tenant la tête de Goliath
Huile sur toile.
Hauteur. 117,5 cm. Largeur. 89,5 cm.
Historique : Achat de la Ville, avec la participation du F.R.A.M. Aquitaine et de la fondation Pétrofigaz, 1986;
Le combat entre le géant philistin Goliath et le jeune berger juif David, relaté dans l’Ancien Testament, mit fin à la guerre qui divisait ces deux peuples (Premier Livre de Samuel, XVII, 40-54). Porté par sa foi, David – défini comme étant un « enfant », « jeune » et « beau » – vaincu Goliath, un guerrier chevronné grâce à la ruse. Armé de sa seule fronde, il assomma son ennemi d’un jet de pierre, lui prit son épée pour lui trancher la tête.
Ce thème connut la faveur des artistes durant le premier tiers du XVIIe siècle. En effet, Caravage et ses émules tels que Feti, Gentileschi, Manfredi, Régnier ou Valentin témoignèrent d’un réel intérêt pour cette histoire biblique, dont l’issue finale du combat permettait de représenter l’horreur de la mort.
Aubin Vouet, séduit par la violence des chefs-d’œuvres caravagesques qu’il vu à Rome, choisit de représenter David en héros victorieux, le regard baissé et la moue dédaigneuse. La nudité juvénile du David, inspirée non seulement par la sculpture de la Renaissance florentine mais également par les représentations d'adolescents du Caravage, s'oppose aux traits virils de l'imposante tête de Goliath. Son embonpoint naissant est mis en valeur par le cadrage aux deux tiers du corps représenté en clair-obscur. L’élégance de la toque galonnée d’or et ornée d’une plume d’autruche sublime ce jeune corps et ajoute une touche de raffinement.
Moins célèbre que son frère Simon (1590-1649), Aubin Vouet reçut la même formation chez leur père avant de partir pour Rome rejoindre son aîné vers la fin 1619 ou début 1620. Ce fut sans doute au cours de ce séjour qu’il réalisa cette peinture, gravée ensuite par Michel Lasne (Paris, Bibliothèque nationale de France). De retour à Paris en 1621, il fut nommé, quatre ans plus tard, « peintre ordinaire du Roi » par Louis XIII. Il bénéficia de commandes religieuses (Mays de Notre-Dame en 1632, 1639 et 1640 notamment) et privées (hôtels des Soissons et de Mercoeur en 1629). A l’instar de son frère, il s’éloigna alors de l’influence caravagesque pour développer un style à la lumière claire, aux couleurs vives et aux jeux de drapés.