Achat de la Ville : Giovanni Antonio Berinzago - Le Siège de Troie

Giovanni Antonio BERINZAGO (Agnadello/Cremone, vers 1710 – Milanais, vers 1790)

« Le Siège de Troie – Projet de décor pour « Iphigénie en Aulide »

Dessin à la plume et lavis d’encre brune sur papier

H. 29 cm   x   L. 44 cm

Achat de la Ville.

 
Ce dessin préparatoire au décor pour Iphigénie en Aulide, tragédie-opéra en trois actes de Gluck que le compositeur décide d'écrire sur un livret adapté de Jean Racine (Iphigénie), a été réalisé par Jean-Antoine Berinzago.
Cette acquisition permet d’enrichir les collections d’un dessin de cet artiste rare, premier véritable décorateur des théâtres bordelais. 
À la date à laquelle Berinzago exécuta ce dessin, les spectacles se déroulaient dans la vaste salle Dauphine - près de l’actuelle place Gambetta.  
Berinzago peignit pour cette salle toute une série de décors particuliers qui suscitèrent l’admiration, dont une prison pour Le Comte de Warwick, un « temple gothique », et surtout le camp des Grecs assiégeant Troie dans Iphigénie, pièce de Jean Racine. 
En janvier 1763, le rédacteur de L’Iris de Guyenne, ouvrage périodique dédié à Monseigneur le Maréchal Duc de Richelieu (devenu en 1773 L'Iris de Guienne, dédié aux Dames) s’enthousiasmait pour ce dernier décor de Jean-Antoine Berinzago, et l’on peut reconnaître dans sa description maints éléments figurant dans ce dessin :
 
« Tous les yeux furent frappés d’une décoration digne du Théâtre des Tuileries. (…) Les coulisses figuraient des trophées et les tentes des rois de la Grèce, parmi lesquelles s’élevait avec magnificence celle d’Agammemnon. Au milieu du théâtre était dressé le vaste amas des machines qu’employaient les Anciens dans leurs sièges ; une haute tour montée sur ses roues se terminait par un pont-levis (…), des catapultes, des chars, des béliers étaient entassés sans confusion. Le fond du théâtre représentait un camp, que les règles de l’optique, très bien observées, faisaient paraître immense. La beauté de l’exécution dans les détails répondait à la grandeur du dessin. »  
 
Exécutée en juin 1761, notre feuille, qui représente à la fois Troie assiégée et le campement des Grecs de l’autre côté d’un fleuve, apparaît donc bien comme un premier projet pour le spectacle bordelais qui se tiendra un an et demi plus tard. 
 
 
Sa carrière bordelaise fut brillante puisque, outre ses travaux pour le théâtre, il décora le grand escalier du Palais de la Bourse, exécuta les grisailles de la salle à manger du Palais Rohan (actuel hôtel de ville) avec Pierre Lacour (peintre et premier conservateur du musée des Beaux-Arts de Bordeaux) et surtout peignit l’architecture en trompe-l’œil qui recouvre la voûte en quadratura de l’église Saint-Bruno de ses admirables perspectives illusionnistes. 
Agréé en 1770 à l’Académie de peinture de Bordeaux, Berinzago fut aussi membre de la Loge franc-maçonne de l’Amitié, dont il décora le temple. Fort apprécié par Victor Louis, l’architecte du Grand-théâtre de Bordeaux, il fut à partir de 1780, aidé de son élève Antoine Gonzalès, le premier décorateur de scène du nouveau Grand-Théâtre.  
 
Les dessins de Berinzago ont presque tous disparu. François-Georges Pariset, professeur à l’université de Bordeaux en a publié un et le musée d’Aquitaine a acquis il y a quelques années deux esquisses. 
Ce dessin constitue dès lors un rare et spectaculaire témoignage sur la vie théâtrale à Bordeaux au temps de Louis XV. 
 
Giovanni Antonio Berinzago, <i>Le Siège de Troie</i> © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux

Giovanni Antonio Berinzago, Le Siège de Troie © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux