Le chef-d'œuvre par le détail
Parcours de médiation à découvrir dans les salles
Ce dispositif muséographique et pédagogique imaginé par Ronan Charles et Isabelle Beccia permet de (re)découvrir de manière inédite 10 chefs-d’œuvre de la collection (peintures et sculptures).
Redécouvrir l’œuvre
Un passé sans cesse à redécouvrir est le titre de la dernière partie du dernier chapitre intitulé Une histoire sans fin de l’ouvrage Histoire de l’art de E.H. Gombrich. Ce message de pérennité, que le maître incontesté a choisi pour clôturer son livre devient l’amorce de ce dispositif de médiation qui entend, par l’agrandissement de détails des œuvres, se rapprocher de l’acte créateur, dévoiler des sens cachés jusqu’à offrir un rapport inédit avec l’œuvre en détournant des conditions réglées de perception souvent maintenues pendant des siècles. En exacerbant le détail, le dispositif adapte l’œuvre et permet également à tout spectateur d’avoir une vue sur les nombreuses propriétés attribuées à la critique d’art par les philosophes esthéticiens telles que la délicatesse (Hume), la partialité (Baudelaire), le prolongement de sensation (Pareyson), la prise en compte d’un ensemble (Barthes), la distinction sociologique (Bourdieu). Ainsi, à l’instar de Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau qui contredit l’idée de totalité achevée définissant traditionnellement l’œuvre, ce dispositif invite à ne pas considérer seulement l’œuvre entière d’un artiste comme un univers mais comme tout un tableau ou toute une sculpture.
Suppléer le numérique
L’hégémonie audiovisuelle caractéristique de notre époque monopolise la communication et détourne le public de la répartition sensorielle recherchée et transmise par les artistes à travers leurs œuvres. Ce dispositif de médiation nous affranchit de l’interface qu’impose le numérique.
En effet, la technique d’agrandissement, le « zoom », même avec la meilleure définition, demeure uniquement l’agrandissement d’une photographie de l’œuvre d’art disponible depuis n’importe quel lecteur numérique (ordinateur, tablette, téléphone) et donc accessible par des moyens (souris, clavier, écran tactile) s’écartant du mode d’expression prévu par les artistes. Le dispositif, par la prise en compte de la troisième dimension, propose un agrandissement de l’œuvre d’art réelle nécessitant le déplacement et la proximité du regardeur en l’invitant à une expérience avec les matériaux employés et les formes choisies par les artistes.
Échantillonner l’authentique
À l’ère des biotechnologies, des Organismes Génétiquement Modifiés, des recherches sur le clonage, ce dispositif de médiation déplace le désir d’exploitation et de manipulation de l’authentique dans le champ artistique en agissant comme une application matérialisée de l’histoire de l’art et de l’esthétique, une mise en pratique des sciences de l’art.
L’échantillonnage, déjà connu dans l’art musical (le sample) et se retrouvant dans notre quotidien sur les commerces et les applications en ligne est un choix de l’aspect d’un produit, l’élément d’une chose. Le procédé est ici repris tout en invitant, par son exposition à proximité de l’œuvre entière, à sa critique. Le dispositif, par un cadrage d’une partie de l’œuvre rendant parfois cette dernière très dissemblable de son ensemble, illustre également la notion « d’avatar » très employée par les générations internautes.
Un dispositif pour le musée des Beaux-Arts !
Les centres d’art contemporain contredisent souvent l’idée d’artefactéité, répondent à la notion de plasticité définissant les arts plastiques depuis la seconde moitié du XXème siècle et exploitent davantage une vision du détournement répartie dans l’espace que celle du détournement d’un savoir-faire.
Le recours au détail, comme l’usage de la virtuosité pour obtenir l’illusion, trouvent aujourd’hui une justification plus évidente dans une institution conservant les œuvres d’époques ayant évolué dans un paradigme artistique différent et particulièrement avec la notion de « Beaux-Arts ».
Le recours au détail, comme l’usage de la virtuosité pour obtenir l’illusion, trouvent aujourd’hui une justification plus évidente dans une institution conservant les œuvres d’époques ayant évolué dans un paradigme artistique différent et particulièrement avec la notion de « Beaux-Arts ».
Le parcours réparti sur les deux ailes du musée, se trouve au cœur de la collection permanente. Les détails ont été choisis par Isabelle Beccia qui présente souvent les œuvres au public lors de visites commentées et qui connaît bien les secrets des œuvres. Elle a rédigé des cartels placés sous les agrandissements pour en dévoiler le sens caché. Le parcours imaginé entend rapprocher de l’acte créateur. Les supports, les procédés originaux des artistes et matériaux utilisés par Ronan Charles reproduisent ceux des maîtres choisis afin de mieux les révéler.
L’artiste Ronan Charles
Intervenant sur les lieux classés « monuments historiques », invité dans des séminaires sur l’art contemporain, participant à des festivals internationaux de sculpture en France et à l’étranger, régulièrement distingué dans les salons, Ronan Charles a conçu tous les agrandissements en peinture et sculpture du dispositif.
L’artiste Ronan Charles, diplômé de l’École des arts de la Sorbonne et ayant appris les techniques de peinture anciennes dans l’Atelier Néo-Medici accueillant des élèves venus du monde entier, garantit la maîtrise :
- picturale concernant les effets de transparence par superposition de glacis comme ceux de l’épaisseur par l’empâtement.
- sculpturale autant pour l’illusion hyperréaliste que pour le travail à partir d’une référence en histoire de l’art.