Henriette BOUNIN, résistante, peintre et galeriste
Paysage du Lot-et-Garonne
Gouache et huile sur papier
Legs Robert Coustet, 2020
Jeunesse et résistance
Henriette Bounin naît à Marmande en 1901. Sa jeunesse et ses débuts en peinture sont méconnus. Il semble qu’elle ait toujours eu un fort attrait pour l’art. Elle peint par plaisir personnel et se tient très à jour de l’actualité et des nouvelles tendances artistiques.
Sous l’Occupation allemande de 1940 à 1944, l’artiste rejoint, sans aucune hésitation, le mouvement de la Résistance française. Elle s’engage aux côtés du mari de son amie d’enfance, le général d’aviation Moraglia, résistant de la première heure, aussi connu comme commandant de région B sous le pseudonyme « Dufour ». Henriette Bounin est chargée de transmettre des messages confidentiels et accueille un grand nombre de clandestins et alliés français, dans sa propriété à Marmande, avant leur départ vers l’Espagne.
Une Galerie mythique à Bordeaux
En 1981, l’historien et professeur émérite Robert Coustet, spécialiste de l'art bordelais des XIXe et XXe siècles publie l’article Vingt ans d'activité artistique. Henriette Bounin et la galerie du Fleuve, dans la Revue Historique de Bordeaux et du département de la Gironde (Deuxième série - N°28). Il y décrit le quotidien de la Galerie du Fleuve, son rayonnement local et national, ainsi que l’ouverture artistique impulsée par sa directrice.
Un lieu dans l’air du temps
Ainsi, ce lieu d’art exposait des œuvres des peintures de la Réalité poétique, tels que celles de Brianchon (1899-1979), Genis (1922-2004) ou Guerrier (1920-2002), mais aussi des toiles non-figuratives, voire abstraite comme celles de Boissonnet (1906-1995), Henriette Lambert (1911-2020), Elisabeth Calcagni (1899-1969) et Mildred Bendall (1891-1977).
Une des principales caractéristiques de la Galerie du Fleuve, sans doute clé de sa réussite, résidait dans la diversité des médiums qui y étaient représentés. Sa directrice avait ouvert le champ des possibles en proposant à des sculpteurs, émailleurs ou encore tapissiers, d’investir pleinement le lieu, en complément des peintures déjà accrochées aux cimaises.
L’implication d’Henriette Bounin
La directrice de la galerie crée des temps forts pour capter l’attention du public. Elle organise des expositions en hommage à des maîtres de la peinture tels qu’Odilon Redon (1840-1916), André Lhote (1885-1962) et Othon Friesz (1879-1949) et accueille des artistes novateurs et brillants comme Mac Avoy (1905-1991) ou Jean Cocteau (1889-1963).
En plus de sa capacité à tisser des liens avec le public, Henriette Bounin est très attentive aux nouvelles orientations plastiques émergeantes. On dit d’elle « qu’avec une ouverture d’esprit et une sympathie qui forcent l’admiration, elle fit place, à côté des amis de toujours, aux plus jeunes et aux plus audacieux des Bordelais de la nouvelle génération comme Lestié, Bernar, Lagoutte… Jusqu’en 1980, la galerie du Fleuve fut le centre privilégié autour duquel gravita l’activité des peintres aquitains continuellement stimulés par la présence des Parisiens » (Robert Coustet, Revue Historique de Bordeaux et du département de la Gironde, n°28).
Elle animera la galerie du Fleuve jusqu’à sa mort, en 1980 à Agen.
L’hommage à Henriette Bounin
En 1981, le Centre National Jean Moulin, soutenu par la Ville de Bordeaux, publie un catalogue d'exposition intitulé Hommage à Henriette Bounin : peintre et résistante. À l’occasion de la publication de cet ouvrage, plusieurs artistes et personnalités témoignent de leur amitié, reconnaissance et admiration pour cette personnalité. L’ancien Maire de la Ville de Bordeaux (1947–1995) et Premier ministre (1969–1972), Jacques Chaban-Delmas, écrit à son propos :