Félix-Elie Bonnet dit TOBEEN, Paysage basque
Biographie de Felix Tobeen
D’origine bordelaise, Félix Elie Bonnet, dit Tobeen, est issu d’une famille d’artistes et d’artisans décorateurs installés dans le centre historique de Bordeaux. Au sein des ateliers familiaux, il découvre et pratique la gravure sur bois.
Durant ces premières années, Tobeen rencontre de nombreux artistes bordelais – Georges de Sonneville, André Lhote et Odilon Redon – tout en faisant connaissance avec le brocanteur Pascal Désir Maisonneuve. Ce dernier lui fait découvrir l’art africain qui influence ensuite son travail, tout particulièrement pour la simplification des formes. Sa jeunesse est également marquée par son amitié avec le mécène et collectionneur bordelais Gabriel Frizeau qui possédait notamment des œuvres de Paul Gauguin, d’Odilon Redon, de Charles Lacoste et d’André Lhote. La vision des œuvres de Gauguin a inspiré Tobeen dans son travail, en particulier dans l’utilisation d’aplats colorés et la délimitation des formes par un cerne.
En 1907, Tobeen s’installe à Paris où il s’établit dans un atelier de la Ruche à Montparnasse puis rue Trudaine. En contact avec les artistes de la Ruche, proches de Picasso, mais aussi avec les artistes du cercle de Puteaux qui participeront au Salon de la « Section d’Or » en 1912 (Gleizes, Metzinger, Jacques Villon, Picabia, La Fresnaye…), Tobeen s’intéresse au mouvement cubiste.
De son vivant, l’artiste a participé à une trentaine d’expositions, en France et à l’étranger, aux Pays-Bas en particulier. Son œuvre a été régulièrement présentée dans les Salons et aussi dans des galeries, surtout à Paris (Bernheim Jeune, Druet, Berthe Weill, Blot, Katia Granoff…). Ces diverses activités et rencontres contribuent à son succès les années suivantes. Durant cette période, il se rend aussi fréquemment dans le Pays basque qui devient régulièrement le sujet de certains de ses tableaux. C’est à ce moment-là qu’il peint ce paysage qui représente un traditionnel village basque aux maisons rouges et blanches.
En 1920, le peintre découvre Saint-Valéry-sur-Somme où il s’installe quelques années plus tard. Tobeen connaît un grand succès, notamment au Pays-Bas, pour ses nombreux tableaux de fleurs. Il rejoint également le groupe de la Jeune Peinture Française. Les natures mortes et les figures féminines dominent les vingt dernières années de sa carrière.
Paysage basque
Une étude préalable réalisée sur le motif, acquise aussi par le musée des Beaux-Arts en 2022 auprès du même propriétaire, descendant de la sœur de l'artiste, permet de comprendre le processus créatif du peintre qui restitue dans un premier temps les couleurs automnales du paysage telles qu’il les voit.
Dans la version finale, Tobeen procède à une simplification des formes qu’il délimite avec un cerne noir pour en accentuer la géométrisation. Il opte pour des couleurs arbitraires traitées en aplat, du rouge rosé pour les toits et les collines, du vert acide pour les arbres et parvient ainsi à ne montrer que la quintessence du sujet. Ce dépouillement est caractéristique des années 1911-1912, au cours desquelles il se rend régulièrement au Pays basque.
Tobeen est peu représenté dans les collections publiques françaises, malgré sa participation aux recherches artistiques les plus innovantes du début du 20e siècle. C’est à l’étranger que l’œuvre de Tobeen est la plus visible, notamment en Suisse et surtout aux Pays Bas. Au sein de ses collections, le musée des Beaux-Arts de Bordeaux conserve déjà trois peintures et deux œuvres graphiques de Tobeen, à qui le musée a consacré une importante rétrospective en 2012.