Jan van NOORDT, "La Veuve du serviteur d’Elisée implorant l’aide du prophète"
(Amsterdam, vers 1620 – ?, après 1676)
La Veuve du serviteur d’Elisée implorant l’aide du prophète
Vers 1670-1675
Huile sur toile.
Hauteur 115,5 cm. Largeur 99,5 cm.
Historique : Acheté par la Ville avec la participation du F.R.A.M. Aquitaine sur les fonds d’une souscription publique recueillis par la Société des Amis des musées de Bordeaux, 1988.
Une mère et ses deux fils sont agenouillés au premier plan, devant un paysage où se remarquent deux moissonneurs en pleine activité à gauche et un paysan battant le blé sous le hangar d’une ferme, à droite. Un petit chien à la robe noire et blanche se blottit contre l’un des enfants.
Le sujet de cette œuvre, emprunté au Second Livre des Rois (4, 1-7), est rarement traité en peinture. La veuve d’un ancien serviteur d’Elisée, sans ressources, voyait ses deux fils menacés d’esclavage. Elle implora l’aide du prophète qui multiplia l’huile qu’elle avait chez elle, afin qu’elle puisse la vendre et rembourser ses dettes.
Inscrits dans un triangle, la femme et les enfants présentent des expressions et des gestes qui expriment tristesse, détresse et supplication devant le prophète dont la présence se devine à gauche, en dehors de la composition. L’œuvre a en effet souffert, à une date indéterminée, de la réduction de son format originel qui comportait, à gauche du groupe, un personnage masculin vêtu d’un manteau. Les vestiges de cette représentation ont disparu sous un repeint complétant le ciel et le paysage.
L’expression mélancolique des visages se retrouve dans des portraits de jeunes garçons réalisés par Jan van Noordt (Portrait d’un jeune seigneur, 1665, Lyon, Musée des Beaux-Arts). Autre procédé familier de l’artiste, le chien placé au premier plan de la composition, permet de mettre en valeur le garçon suppliant. Le talent de portraitiste de Jan van Noordt est ici perceptible dans sa façon de rendre singulière la physionomie de la veuve, mais aussi dans le choix de ses vêtements qui échappe au registre de la vie quotidienne.
Van Noordt demeure un peintre à la vie et à l’œuvre méconnus. Elève de Jacob Adriaensz Backer (1608-1651), il connaissait les œuvres de ses compatriotes Weenix, Bol, et très bien les portraits de Maes (Portrait de Dionijs Wijnands, 1664, Amsterdam, Rijksmuseum). Mais Van Noordt se tourna aussi vers l’école flamande, avec notamment les modèles de Jordaens (1593-1678) et de Van Dyck (1599-1641) pour réaliser ses compositions historiques et mythologiques dont La Continence de Scipion (1672, Amsterdam, Rijksmuseum) et Junon confiant Io à Argus (Paris, musée du Louvre, RF 1973-3) constituent de remarquables exemples.