Chaval : humour libre

Musée des Beaux-Arts (salle des essais) du 5 juin au 21 septembre 2008
Les dessins d’humour de Chaval sont le fruit d’une époque bien particulière, marquée par certaines désillusions qui sont celles de l’après-guerre. Les références humanistes et les considérations anthropomorphiques semblent avoir disparues. Pourtant, l’humour de Chaval demeure bien vivant, car il ne s’applique pas à un phénomène ou à un travers de la société, mais bien au-delà, à un monde au sein duquel l’homme évolue. On peut affirmer que son travail ne se démode pas et qu’il peut même être perçu comme intemporel.
Le goût de l’absurdité, de l’insolite, fait son apparition en France avec Maurice Henry, ami des surréalistes. Pendant l’entre-deux-guerres, le niveau du dessin satirique avait baissé considérablement en France. Seuls Gus Bofa et Paul Iribe réalisaient un travail de bonne qualité. En 1945, une sélection de dessins du New Yorker exposée à l’ambassade des États-Unis à Paris et, conjointement, la publication du premier album de Saul Steinberg All in Line va presque effacer la caricature française; jusqu’en 1953, très précisément, date de la parution de Manigances de Chaval, André François et Mose, et de la publication de la revue Bizarre sous la direction de Jean-Jacques Pauvert. Cette renaissance française fut possible grâce à « deux révolutions : d’une part, le renouvellement complet des thèmes de l’humour et d’autre part, l’importance devenue primordiale du dessin qui est fait maintenant pour être regardé, lu attentivement ». Le caricaturiste doit combiner son talent de dessinateur avec son talent d’humoriste.
Avec Chaval, nous pouvons aussi montrer combien le comportement du  caricaturiste  est  presque toujours en contraste naturel avec ce qu’il produit. Le caricaturiste est souvent un homme renfermé, triste, très sensible, un peu déprimé. Les moralistes remarquaient déjà que l’humour est le fait des gens tristes. Son dessin est un défoulement.   Créatif  et  contestataire,   le caricaturiste   attaque   certaines   attitudes, certaines situations, tout ce qu’il n’approuve pas. Il réagit, il lutte, il proteste.       
Mais lorsqu’il s’aperçoit que la contestation n’opère pas, alors il perd tout espoir et plonge dans le pessimisme le plus noir. Chaval s’est détruit    pour   avoir,   peut - être,   donné  les meilleures armes pour briser des institutions et des travers de la société qu’il contestait. Il a attaqué pendant toute sa carrière la stupidité de cette société, le conformisme, le chauvinisme, la bureaucratie... Il s’est épuisé à cette lutte et s’est donné la mort,
laissant la place à une nouvelle génération de dessinateurs d’humour.
En 1969, paraissait Harakiri Hebdo et l’année suivante Charlie Hebdo. Le dessin d’humour français s’éloignait de Steinberg, et d’une certaine façon de Chaval, et renouait avec la violence politique, voire avec l’agressivité sexuelle des dessinateurs de la Belle Époque. Wolinsky, Cabu, Reiser, Gébé, à travers Siné, tendaient la main à Léandre et Jossot.
 
L’exposition Chaval Humour libre a reçu le soutien de la Maison Grosperrin, Cognacs de collection ; de Paris-match, de Sud-Ouest, de la Galerie MR, de la Librairie Mollat et de la Ville d’Angoulême.
 
 
Image signature Chaval

 

Affiche de l'exposition

Affiche de l'exposition © Documentation Musée des Beaux-Arts - Mairie de Bordeaux