Gabriel ALLEGRAIN, "La Fuite en Egypte"
(Paris, 1679 – id., 1748)
La Fuite en Egypte
Vers 1716
Huile sur toile. Hauteur. 129 cm. Largeur. 162,2 cm.
Historique : Ancienne collection de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture.
Envoi de l’Etat en 1805.
La scène biblique reprend un passage de l’Evangile de saint Matthieu (2, 13-15). Prévenu en songe que le roi Hérode avait ordonné la mort des nouveau-nés d’Israël, Joseph s’enfuit avec la Vierge et l’Enfant Jésus en Egypte où ils restèrent jusqu’à la mort du souverain. Depuis le Moyen Age, nombreux furent les artistes qui reprirent ce thème ou celui du « Repos pendant la fuite en Egypte ». La Vierge est souvent représentée voyageant sur un âne et tenant l’Enfant dans ses bras.
Allegrain ne déroge pas à l’iconographie traditionnelle, avec un ange en adoration, mais il réduit presque la Sainte Famille à de simples voyageurs traversant un paysage. L’œuvre témoigne de l’influence de Poussin et du Lorrain, et présente des références italiennes et antiques : la basilique, les arènes, l’obélisque ou les deux tombeaux de guerriers.
Allegrain accorde toute son importance à cette végétation luxuriante d’où émerge à peine un temple. La lointaine perspective révèle une ville au bord de la mer et une montagne dominée par un édifice. La lumière scande la composition et oppose les deux tombeaux antiques à la Sainte Famille.
Le 26 septembre 1716, Gabriel Allegrain présentait aux académiciens ce tableau qui fut aussi son morceau de réception. Il avait été ordonné par le directeur Antoine Coypel (1661-1722) sur le thème de « la Fuite en Egypte ». Il fut reçu à l’Académie au titre de « peintre de paysage ».
A la demande du comte Elie-Louis Decazes, ministre de l’Intérieur, l’Etat envoya à la cathédrale Saint-André de Bordeaux cette Fuite en Egypte d’Allegrain, ainsi qu’une Vierge à l’Enfant avec sainte Elisabeth et saint Jean alors faussement attribuée à Andrea del Sarto (1486-1530). Considérées comme trop petites pour la vaste nef, les deux peintures furent échangées contre le Christ en croix de Jordaens et intégrèrent les collections du musée de Bordeaux en 1819.
Les œuvres de Gabriel Allegrain sont souvent confondues avec celles de son père Etienne Allegrain (1644-1736), et leur nombre s’avère faible pour apprécier la production de cet artiste peu connu. Mais, le tableau bordelais permet de réunir autour de lui un dessin (Paysage avec Apollon et une nymphe, Paris, musée du Louvre) et quelques paysages (Dijon, Lille et Tours) d’une facture sans prétention.