Francesco FONTEBASSO, "Apparition de la Vierge à saint Antoine de Padoue" et "Saint François de Paule avec un frère

(Venise, 1709 – Id., 1769)

Apparition de la Vierge à saint Antoine de Padoue

et

Saint François de Paule avec un frère

Huile sur toile.
Hauteur 112 cm. Largeur 66 cm. (chacune).
Historique : Ancienne collection Lacaze. Achat de la Ville, 1829.

L’Apparition de la Vierge à saint Antoine de Padoue représente, à gauche, le saint debout devant une table recouverte d’un drapé ocre. Il est surpris par l’apparition de la Vierge et de l’Enfant assis sur un nuage, en compagnie de deux putti au dessus de cette table.

Fernando Martins de Bulhões (1195-1231) entra chez les ermites de Saint-Augustins puis, en 1220, chez les Franciscains sous le nom de frère Antoine. Proche de saint François d’Assise, qui l’envoya en Italie et en France, il fut considéré comme un des grands prédicateurs chrétiens. Après des prêches pour le Carême de 1231, il mourut à Arcelle en Italie du nord, mais il fut enterré dans la ville voisine de Padoue. Le pape Grégoire IX le canonisa l’année suivante en raison de ses nombreuses guérisons miraculeuses.

Le tableau bordelais présente l’apparition de l’Enfant Jésus à saint Antoine, d’allure chétive et vêtu de sa robe de bure, debout devant une table où reposent le livre et le lys. Le tableau de Murillo (1656) à la cathédrale de Séville et sa version réduite au Musée de Bordeaux en constituent des exemples significatifs.

François d’Alessio, né à Paola, (1416-1507) témoigna d’une grande dévotion très jeune et se montra proche des franciscains. En 1430, il se retira dans un endroit reculé de la propriété familiale. Sa vie ascétique et sa renommée grandissante amenèrent des fidèles dont le nombre grandissant provoqua la construction d’un monastère en 1452. Le pape Sixte IV reconnut officiellement en 1474 le nouvel ordre appelé depuis « ordre des Minimes » et Léon X canonisa son fondateur en 1519. Saint François de Paule, saint patron de la Calabre, apparaît traditionnellement âgé et tenant un bâton. Au-dessus de lui,  sa maxime « CHARITAS » brille dans la nuit, tandis que la lumière divine descend en éclairant l’un des putti.

  Les deux pendants furent attribués au védutiste Marco Ricci (1676-1730) au moment de la vente de la collection Lacaze en 1829, puis au peintre d’histoire Sebastiano Ricci (1659-1734). Depuis 1970, ils reviennent à un élève de ce dernier : Francesco Fontebasso.

Très rares sont les peintures de Fontebasso représentant saint Antoine. En revanche, elles sont plus nombreuses pour saint François de Paule, montré seul (Padoue, Musée municipal), en prière avec un Minime (vers 1736-1746, autrefois au Kaiser Freidrich Museum de Berlin), ou bien en apothéose avec saint Louis de Gonzague (Libourne, musée des Beaux-Arts).

Si le format confère à ces deux œuvres une apparence de « pendants », le positionnement, les attitudes et les gestes des personnages, ainsi que la composition et la lumière témoignent plutôt de deux esquisses autonomes. Elles ont en commun cette monumentalité qui inciterait à y voir des bozzetti (esquisse d’œuvres plus grandes), cette facture nerveuse et brillante qui rappelle celle de Tiepolo et cette lumière crue qui accentue les contrastes.

Elève de Sebastiano Ricci (1659-1734), les œuvres de Francesco Fontebasso sont empreintes de l’influence de Giambattista Tiepolo (1696-1770) auquel il emprunta ses formes lisses relevées de touches brillantes, mais aussi son chromatisme dominé par les rouges. Avec Tiepolo, Fontebasso figura parmi les meilleurs représentants de la grande tradition décorative vénitienne. Ils travaillèrent ensemble à la décoration du palais Barbarigo (1743-1750) à Vérone. En l’absence de Tiepolo appelé en Espagne, Catherine II de Russie chargea Fontebasso de réaliser les décorations du Palais d’Hiver à Saint Pétersbourg. Malgré quelques scènes mythologiques ou de genre (Petite Fille mangeant sa bouillie, Stockholm, Nationalmuseum), le peintre assura essentiellement sa réputation avec des peintures mythologiques et religieuses traitées « à la fresque » (Assomption de la Vierge, 1736, Trente, Santa Annunziata ; San Francesco della Vigna, 1756, Venise) ou avec des tableaux d’autel (Saint Eustache et saint Jean-Baptiste, Udine, Dôme).