Giovanni BOLDINI, Portrait de Cecilia de Madrazo Fortuny
Giovanni BOLDINI
Portrait de Cecilia de Madrazo Fortuny
Huile sur toile
1882
Giovanni Boldini, Portrait de Cecilia de Madrazo Fortuny, 1882
© Mairie de Bordeaux, photo F. Deval
Giovanni Boldini (1842-1931) a étudié à l'Académie de Florence et fréquenté le café Michelangelo, où il a rencontré le groupe artistique des Macchiaoli, premier mouvement d'avant-garde artistique en Italie rassemblant des artistes adeptes d'une peinture par petites touches sublimant la lumière à l'instar des impressionnistes français. Ces influences ont affiné son sens des couleurs et de la touche libre. Après des séjours à Londres et à Paris (1869-1871), il s'est établi définitivement à Paris en 1872, intégrant le cercle des peintres du Salon. Boldini est devenu célèbre pour ses portraits parisiens au style libre et nerveux, atteignant une renommée notable vers 1886.
Le tableau représente Cecilia de Madrazo Fortuny (1846-1932), issue d'une célèbre famille de portraitistes madrilènes et fille du peintre Federico de Madrazo. Vêtue de noir, symbole de son veuvage, elle est représentée dans la maturité de sa trentaine d'années. Boldini, ami de la famille, lui a offert ce portrait, qu'elle a conservé jusqu'à sa mort en 1933.
Le portrait, dynamique et énergique, exprime la vitalité et la chaleur inspirées par l'amitié de Boldini pour Cecilia. Ses larges yeux bruns reflètent une douceur mélancolique. Vêtue d'une robe de soie noire agrémentée de mauve, Cecilia est peinte avec une touche nerveuse et des coups de brosse réduisant le volume à l'essentiel. Boldini, surnommé par ses contemporains "le peintre de l'élégance", était surtout admiré pour ses portraits de femmes de la haute société parisienne et italienne. L’intérêt de l’artiste pour la mode féminine fait écho à la passion du modèle pour les textiles, dont elle était une fervente collectionneuse. Le coloris et le traitement particulier des noirs rappellent l’art de Manet. En outre, c'est un portrait typique, par son élégance et son raffinement, de la Belle Epoque.
Après la mort de Cecilia, le tableau est passé à son fils Mariano, puis à la branche Madrazo de la famille. Finalement acquis par le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux en 1982, il enrichit les collections déjà riches de peinture de la fin du XIXe siècle. Il s'agit de la seule œuvre de Boldini conservée par le musée et de l'une des rares œuvres de l'artiste conservée dans une collection publique française (hors du musée d'Orsay).