GUILLON LETHIÈRE, Saint Louis visitant les pestiférés dans les plaines de Carthage
Guillaume GUILLON dit LETHIÈRE
Sainte Anne (Guadeloupe), 1760 - Paris, 1832
Saint Louis visitant les pestiférés dans les plaines de Carthage
Date : 1822
Technique : Huile sur toile
Dimension : H. 406 x L. 305 (sans cadre).
Acquisition : Dépôt de l’État. Transfert de propriété en 2012.
Inv. : Bx E 66
Épisode légendaire de l’histoire de Louis IX de France dit Saint-Louis, mort de la peste sous les remparts de Tunis lors de la huitième croisade en 1270.
L’artiste
Destinée étonnante que celle du peintre Guillaume Guillon dit Lethière, baptisé ainsi par son père car il était le troisième de ses enfants. Fils naturel de Pierre Guillon, il fut reconnu par ce dernier. Décelant rapidement les dispositions de son fils pour le dessin, son père l’envoya étudier en France. Le jeune homme débarqua ainsi à Bordeaux en 1774.
Entré dans l'atelier parisien du peintre Doyen, il concourut pour le Prix de Rome et y fut reçu deuxième en 1784. Il put cependant séjourner à Rome de 1786 à 1790. À son retour à Paris, il participa aux Salons où il obtint ses premier succès en 1795 et 1801. De 1800 à 1802 il est en Espagne, au service de l'ambassadeur Lucien Bonaparte dont il constitue la collection de tableaux.
Essentiellement peintre d'histoire avant tout, l'artiste reçut des commandes impériales. Nommé directeur de l'Académie de France à Rome, il y résida de 1807 à 1817. À son retour, il enseigna à l'Académie des Beaux-Arts de Paris. Son style tout empreint de classicisme ne résista pas à l’émergence du romantisme.
L’œuvre
En 1270, la peste s'était emparée de l'armée des Croisés campés devant Carthage. Le roi de France, Louis IX, par dévotion et charité, prodiguait partout ses soins, visitant les malades sans suite et sans ostentation. Nous le voyons ici, debout au centre de la composition, tenant la main et touchant la poitrine d'un moribond. Un serviteur africain soutient le malade, les mains soigneusement enveloppées. Les compagnons d'armes qui l'entourent paraissent étonnés et effrayés de cet acte de courage. À gauche, un jeune soldat succombe vaincu par le mal. À droite, un homme est étendu au sol sans vie.
Présentée au Salon de 1822 on peut penser que cette grande toile, par le sujet choisi, est un signe d'allégeance du peintre au nouveau régime de Louis XVIII. En effet, Lethière, favorable à la cause révolutionnaire et par la suite proche du pouvoir napoléonien fut mis à l'index par le roi qui refusa d'agréer sa nomination à l'Académie. Après avoir vaincu les réticences du monarque, il témoigna habilement de sa reconnaissance en célébrant un roi, sanctifié de surcroît, présenté à l'époque comme le fondateur de la lignée.
Observation
Bien qu’il ne figure pas sur la liste des œuvres endommagées dans l’incendie de 1870, il est probable que le tableau ait subi alors des dégâts encore facilement décelables. Mis en dépôt pendant de longues années au Musée Salies de Bagnères-de-Bigorre, ce grand tableau d’histoire a fait l’objet d’une importante restauration en 2000.