Giorgio VASARI (atelier de), Sainte Famille avec saint Jean Baptiste et saint François d'Assise
(Arezzo, 1511- Florence 1574)
Sainte Famille avec saint Jean Baptiste et saint François d'Assise
Huile sur bois. Hauteur : 104 cm. Longueur : 79 cm.
Historique : Ancienne collection Cousin. Achat de la Ville, 1854.
Cette version de la Sainte Famille présente la Vierge et l’Enfant, entourés de saint Joseph à droite, de saint François d’Assise et du petit saint Jean-Baptiste à gauche. La Vierge protège de son corps et de ses mains les deux enfants. Saint Jean- Baptiste, vêtu d'un manteau en poils de chameau, tient dans la main gauche un bâton cruciforme. L’enfant Jésus dort sur une étoffe, le dos appuyé sur un coussin et les pieds reposant sur un livre. Saint Joseph a une attitude méditative. Accompagnant ces figures bibliques, saint François d’Assise tient un crucifix dans sa main droite stigmatisée.
L’œuvre bordelaise, ou l’une des trois répliques (Florence, San Francisco et Wellesley), aurait été destinée à Francesco di Niccolo Vespucci en 1544. Trois symboles sont présents : saint Jean-Baptiste symbolise Florence dont il est le saint patron, le Saint François d’Assise évoque le prénom du commanditaire, et l’Enfant endormi sa future déposition sur le linceul.
Le cadrage serré de la composition a fortement contraint la disposition des quatre représentations masculines autour de la Vierge. Avec les deux enfants, elle forme une construction pyramidale de part et d’autre de laquelle les figures masculines s’insèrent tant bien que mal dans les angles supérieurs du panneau. Le dessin cerne les formes et rend minutieusement les détails anatomiques et vestimentaires. Le style de cet ensemble est clairement anti naturaliste : les lignes sinueuses des vêtements, du linge et du corps de l’Enfant, le cou allongé et les doigts très effilés de la Vierge, les poignets fins de Jésus. Les couleurs acidulées, vert et rose vif, renforcent le ton nacré du corps de l’Enfant et participent, comme la composition, de cette culture dite « maniériste ».
En effet Vasari et son atelier, ont été influencés à la fois par la plénitude des formes de Michel-Ange, mais aussi par le maniérisme florentin de la seconde moitié du 16e siècle. Le terme de « maniérisme » dérive de maniera, synonyme de « style » à la Renaissance. Les peintres italiens vénéraient la maniera moderna des grands maîtres de la Renaissance : Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphaël. Cependant, l’Italie traversait à cette période des temps difficiles que le caractère mystique et inquiet de ces œuvres rappelle. Ce tableau s’inscrit pleinement dans ce courant (la douleur perceptible du visage barbu de saint François) avec cependant quelques réminiscences de l’Antiquité (le profil grec de la Vierge).
Artiste prolixe et complet, Vasari, fut avant tout un architecte (Les Offices à Florence, place des Cavalieri à Pise), un peintre (Palazzo Vecchio à Florence) et un écrivain. Il est l’auteur des Vies des meilleurs architectes, peintres et sculpteurs italiens de Cimabue jusqu’à notre époque (1550), véritable première histoire de l’art qui fait l’apologie de l’Ecole florentine. Sa grande collection de dessins réunis dans Il Libro de Designo, témoigne de sa réelle affection pour cet art.