Piaubert
Préface du catalogue de l'exposition par Gilberte Martin-Méry, conservateur du Musée et de la Galerie des Beaux-Arts :
"Bordelais, ou plutôt médocain d'origine, Piaubert revient dans son pays natal, en pleine possession de son talent. Après avoir exposé dans de nombreuses galeries ou dans les plus grands Musées de France et de l'étranger sans oublier certains Salons, l'Artiste n'hésite pas à se confronter à lui-même en nous proposant une rétrospective montrant ainsi l'évolution de son art sans nous cacher une seule de ses recherches.
Une centaine de toiles qu'elles soient figuratives ou abstraites, de 1925 aux toutes dernières datées de 1971, nous permettra de le suivre à travers la magie de la couleur ou l'alchimie de la matière ; il semble que dans les titres que le peintre donne lui-même à ses compositions le mot de « message » accompagne parallèlement sa pensée et son sentiment créateur tout à la fois. L'art de Piaubert n'a rien de gratuit; il n'oublie pas les maîtres ou les leçons du passé. La rigueur de la ligne ou de la touche, mais aussi le modelage de la matière est son souci permanent. La roche effritée aussi bien que le métal qu'il soit d'or ou d'argent coulent le long de ses doigts pour devenir certaines nébuleuses, mais aussi brillance minérale, miroir recomposé. Tout a retenu son attention, le cuivre, la pierre lithographique aussi bien que la laine et maintenant la préciosité du bijou ; dans chacune de ces techniques, le rêve a toujours une grande place.
Puisse l'amateur se promener à travers les méandres d'un art en plein renouvellement gestuel de la couleur, éclatante comme le soleil, sourde devant l'informel comme devant la transformation du monde moderne. Les noirs et les oppositions du blanc n'y sont jamais oubliés depuis ses tragiques Illustrations des « 33 sonnets au secret » de Jean Cassou où tout est vibration dans le trait aussi bien qu'elle peut l'être dans la pâte.
A Bordeaux, la Galerie des Beaux-Arts devait ainsi un hommage à un artiste reconnu de tous.
Nous sommes particulièrement heureux que Piaubert consente à se séparer de ses œuvres pendant quelques semaines afin que la jeunesse sans cesse renouvelée de l'Ecole des Beaux-Arts prenne conscience à la fois de la tradition et de la recherche, et du travail accompli au long d'une vie déjà pleine."