Slam sur La Rieuse de Jean-Baptiste Carpeaux
Slam devant "La Rieuse" de Jean-Baptiste Carpeaux, par Frédéric Baudet
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C’est pas que c’est gênant...
Une femme peut être heureuse
Voire précieuse
Voire penseuse
Non mais elles ont le droit d’être heureuses hein
À la condition pourtant si simple à saisir
De ne surtout pas prendre de plaisir
Attendez attendez attendez
Y'a des gens qui vivent très heureux
Sans prendre aucune forme de plaisir
Y’en a qui y arrivent très bien y’a... bref
C’est gênant
Elle sourit
C'est pas rien
Ça vous choque pas ?
Ces petites dents de lait
Au-dessus de ce tissu léger, dentelé
Non non non non non non non non non
Ça ne sourit pas une dame
Si elle te montre ses dents elle sera damnée
À notre grand damne les grandes dames dégaineront leur dédain
Une dame ça se domine ça sourit en dedans
Ça dandine pas dehors et ça ne danse qu’en domaines dédiés
Et là à ce sourire
On pourrait croire qu’elle prend...
Du plaisir
Du plaisir à quoi ?
À manger ? Pourquoi pas ?
Quand ce n’est pas elle qui prépare des plats
Du plaisir à... à... à sortir !
...ouai
Faut pas qu’elle oublie que c’est elle la parade extérieure
Du plaisir à aller au théâtre !
Cela se peut
Cela s’entend
Mais la parole des planches, est-ce qu’elle la comprend ?
Du plaisir à aller, hm, dans les concerts !
Ouai
Cela se peut
Mais par don prions pour qu’elle parle peu
Du plaisir à aller voir de la danse !
En quelques circonstances
Mais sans bruit
Et en décence
Du plaisir à danser
hhhha
La danse c’est pas un plaisir, c’est du travail
Du plaisir à être elle-même
Ça m’agace, faudrait peut-être qu’elle connaisse sa place
Et pourquoi pas du plaisir à voler de ses propres ailes !
Mais pire
Ce sourire
On pourrait dire
Que c’est du plaisir....
Sexuel!..
Laissez choir les choses de la chair sur la façade
À la vue de tout en chacun
Vulgaire palissade de vies toutes choquantes
Si on laisse l’esprit féminin
Ouvrir grand les portes des mailles de satin
C'est un appel à l’indécence
Un accès à Satan
Si le vermeil s’étend
La vertu, elle, s’éteint
Et cet art le souligne...
Elle soutient la luxure sur la façade
C'est pas la luxure qui est gênante
Mais la façade
La luxure pourquoi pas ?
Pourquoi pas à l’opéra ?
Tant qu’elle reste entre les rats !
Que les étoiles restent la propriété des rois !
Que l’on passe du balai au baldaquin
Que seul l’homme de puissance est taquin
Et puis, bon, ce n’est pas que derrière les dorures de l’opéra Garnier
Les sourires qui s’achètent dans les coulisses étaient garnis
Et puis, ce n’est pas que les filles étaient jeunes, qu’elles étaient des marchandises
On pourrait juste dire que pour qui pouvait se le permettre
La grâce juvénile était friandises
Mais, ça se passait dans les coulisses, et pas de face
Là, on le voit le sourire
Il est une évidence
Elle pourrait nous rappeler que parfois, la vie danse
Alors il est pas gênant ce sourire, il est scandaleux !
Il mérite d’être fermé par le fer et le feu
Et il s’en fallu de peu pour que la foule n’en fasse son défouloir
Que les bacchantes soient battues par le démon et le foulard !
Mais elles ont tenu
Elle dégage toujours cette luisante chaleur
Elle a tenu
Malgré les rats, les râleurs et les clameurs
Elle a tenu
Elle est magnifique
Et elle sourit
Et elle gêne surtout l’hypocrisie
Mais faudrait quand même m’expliquer pourquoi
Après l’avoir tant décriée
Comme une femme déviante dont le sourire fait si mal,
Pourquoi, juste après, en privé
Ces copies furent un tel succès commercial
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Poésie, slam, et musique sont au rendez-vous !