Pieter Hermansz VERELST, "Intérieur de chaumière avec un violoneux"
(Dordrecht, vers 1618 – Hulst, vers 1678)
Intérieur de chaumière avec un violoneux
Signé à droite, sur la cheminée : P. VE
Huile sur bois.
Hauteur 50,5 cm. Largeur 69,5 cm.
Historique : Ancienne collection Robert Brown. Achat de la Ville, 1850.
Deux hommes attablés, un pichet à la main, écoutent un violoneux tandis qu’un quatrième urine dans un baquet placé près d’un lit, à droite de la composition. Ils prennent place dans une maison dont le toit de chaume présente à gauche un trou béant qui laisse entrer la lumière dans la pièce.
La peinture de genre est apparue en Italie dès le XIVe siècle en marge des scènes sacrées, puis au siècle suivant en France et dans les Flandres, comme en témoignent les Très Riches Heures du duc de Berry (1411-1485/86). Elle connut un développement au XVIe siècle avec un arrière-plan religieux et moral, mais elle se sécularisa progressivement sous les pinceaux du flamand Pierre Brueghel l’Ancien (v. 1525-1569) et du vénitien Véronèse (1528-1588).
Avec la Réforme et la disparition de la peinture religieuse dans les Provinces-Unies, mais aussi grâce à l’essor de la bourgeoisie locale, nombre de peintres se spécialisèrent dans la scène de genre en s’inspirant de Rembrandt et du mouvement caravagesque d’Utrecht.
Pieter Hermansz Verelst s’inspira particulièrement de Rembrandt à partir de 1643. Elève de Gérard Dou, il s’inscrivit dans la gilde de Saint-Luc de sa ville natale, puis s’installa à La Haye de 1643 à 1668. Son œuvre se répartit entre les scènes de genre et de nombreux portraits (Dijon, Dublin, Haarlem ou Toulouse).
L’Intérieur de chaumière avec un violoneux réunit nombre des modèles qu’affectionne particulièrement Verelst lorsqu’il traite ce genre : les cruchons à bière aux panses rebondies, qui pour certaines compositions ne sont que des éléments décoratifs (Intérieur d’auberge avec un violoneux, New-York, collection particulière en 1966) ; les portes de caves ou de cellier grandes ouvertes, qui participent aux effets de contraste du clair-obscur ; le personnage en train d’uriner au second plan, visible dans Un Jeune mendiant et une lavandière (Remiremont, Musée municipal, MNR 703). Toutefois, l’influence d’Adriaen van Ostade (1610-1685), spécialiste des scènes de tabagies et de beuveries, est perceptible dans cette œuvre, notamment dans le choix iconographique, mais aussi dans l’unification de l’espace grâce à un clair-obscur doré.